Enfant, je dessinais énormément surtout des personnages. Le dessin était pour moi une façon de raconter une histoire imaginaire alors que je n’avais pas de mots. Puis j’ai appris à lire et à écrire et je n’ai plus dessiné. Jamais je n’ai envisagé le dessin comme acte libre…jusqu’au moment où je suis de nouveau entrée en contact avec des enfants, mes enfants.
A regarder mes enfants, je m’aperçois qu’il ne se passe pas un jour sans qu’ils ne sortent feuilles et crayons pour dessiner. Que ce soit un dimanche pluvieux comme celui-là ou qu’on soit à des milliers de kilomètres de la maison, ils dessinent, collent, découpent ou peignent depuis leur plus jeune âge.
C’est pourquoi cette semaine le blog sera consacré aux dessins d’enfant, non pas à ce qu’ils signifient mais plutôt à l’importance qu’ils ont dans la création du lien parent/enfant et dans le développement de nos petits. Dessiner cela sollicite l’attention, cela favorise le langage, l’observation…
Le dessin comme la parole évolue en même temps que l’enfant grandit. Le bébé se familiarise d’abord avec le crayon, c’est un acte de motricité. Il commence par poser le crayon sur un médium (en général une feuille de papier mais c’est aussi parfois le mur, la table…) et laisse une trace. Il s’aperçoit qu’un trait sort du crayon qu’il tient et en retire un grand émerveillement. Avant même de marcher, le petit d’homme est capable de laisser son empreinte et de comprendre qu’il peut produire quelque chose. On appelle cela des « gribouillis » et dans certains cas cela peut même avoir une connotation négative (en témoigne l’infâme groupe sur facebook « Dire à un enfant que son dessin est moche » ou bien votre enfant mécontent de son dessin qui parle de « gribouillage »). Et puis le dessin évolue, le geste se précise, l’enfant dessine des formes, colorie à l’intérieur d’une forme définie puis passe à la figuration, son trait se précisant.
Pourtant j’ai remarqué que ce geste créateur presque inné a parfois besoin d’un accompagnement adulte, d’une sorte de guide. A la maison, ce rôle m’est dévolu en la matière. Souvent ,à leur demande, je m’assois à côté d’eux et nous sortons feutres, crayons, papiers. Je me suis rendue compte récemment de l’impact d’accompagner mes enfants dans cet acte de création. Quand mon fils était petit, il me réclamait de lui dessiner des animaux ou tel objet qui lui passait par la tête et je m’exécutais. D’ailleurs c’était pour nous un moment de grande complicité, un grand bonheur quasi quotidien. Aujourd’hui c’est ma fille qui me réclame cela. Et puis un jour (environ à son entrée en petite section), je me suis rendue compte que mon fils commençait à savoir dessiner ce qu’il voyait, qu’il en était capable. Petit à petit, bien qu’il me demandât toujours de lui dessiner quelque chose, je me suis aperçue qu’il n’avait plus le même regard sur ce qu’il voyait. Il ne me demandait plus de lui dessiner quelque chose pour partager, pour exprimer mais plutôt parce qu’il avait besoin d’un modèle pour reproduire. Mais il lui manquait la confiance dans son geste. Et là mon rôle a changé, je suis passée de celle qui savait dessiner à celle qui devait l’amener à faire par lui-même .Aujourd’hui nous nous asseyons toujours ensemble mais j’essaie de ne plus toucher le crayon et plutôt de l’amener à avoir confiance dans ses possibilités. Et il laisse ainsi vraiment libre cours à sa créativité, et chaque jour m’étonne par ce qu’il est capable de faire. Parfois il se décourage ou se montre impatient parce qu’il « n’arrive pas »(selon son expression) et là plutôt que de le faire pour lui, je l’amène à essayer, à persévérer. Mais il acquiert chaque jour de la confiance et il se met seul à son bureau et crée selon ses envies.
Ainsi le dessin est un autre moyen de créer le lien, d’évoluer dans son rôle de parent. En fonction de l’âge l’enfant n’a pas besoin des mêmes repères, il n’a pas les mêmes attentes. Ce sont mes enfants qui me donnent le rythme de leur développement et je les regarde attentive à comprendre leur évolution. Nous sommes là pour les guider, leur apprendre à trouver leur chemin. Et ainsi être confiants. L’attachement se construit petit à petit.
En milieu de semaine, je vous présenterai un endroit où l’enfant dispose d’un espace de création exceptionnel , un petit havre de paix rien que pour lui…
Trés vrai ton article. Je me dis que je devrais plus souvent lui sortir les crayons. Le problème c'est que je suis totalement nulle en dessin. Alors c'est plus difficile de partager un moment. Dès demain je rachète cahier, ciseaux et colle. Merci ! Esther
RépondreSupprimerOui les enfants aiment dessiner, coller des gommettes, créer. Ce n'est pas grave que tu sois "nulle" en dessin, l'important c'est d'y croire , de rentrer dans le jeu. Je ne suis pas douée non plus mais quand mon enfant me demande de lui dessiner un chat ou quand lui meme dessine un chat, je vois un vrai chat! L'important c'est d'y croire et de transmettre cette confiance et ce bien être que peut procurer le fait de créer quelque chose de ses mains.Merci à toi d'être venue enrichir cet article.
RépondreSupprimerUn article sincère et réfléchi sur le dessin d'enfant comme j'aimerais en lire plus souvent
RépondreSupprimerMerci bcp . De votre part je suis très touchée .
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