Mon fils a grandi…
Je veux dire vraiment grandi : à 8 ans, il réclame de l’autonomie et a de plus en plus envie de prendre son chemin.
En effet, depuis le début de l’année, il souhaite aller à
l’école seul, comme un grand.
Il y a une rue à traverser et il n’est pas encore prêt à faire le chemin tout seul mais nous avons instauré un rituel, sorte de compromis qui satisfait ses velléités d’indépendance et me rassure.
Il y a une rue à traverser et il n’est pas encore prêt à faire le chemin tout seul mais nous avons instauré un rituel, sorte de compromis qui satisfait ses velléités d’indépendance et me rassure.
Je l’accompagne avec sa sœur jusqu’à un tournant et l’école est
au bout. Sur ce chemin, tous les enfants passent pour se diriger vers l’école.
Beaucoup sont accompagnés de leur parent mais certains font le chemin seul.
Aussi il arrive à mon fils de partager la route avec un copain.
Pendant ce temps, je me poste au bas de la rue avec sa sœur et je peux ainsi l’observer jusqu’à ce qu’il franchisse les portes.
A chaque fois j’ai le cœur serré : de peur, qu’il lui arrive quelque chose sur cette petite portion de trottoir ; de nostalgie, de le voir si grand et si désireux de faire tout seul et même un peu de tristesse, de savoir qu’il a plus envie de faire ce bout de chemin seul qu’avec moi.
Pourtant je suis aussi très fière de le voir grandir dans la
confiance et de le sentir déjà si fort.
J’avais à peu près le même âge quand j’ai commencé à aller
seule à l’école même si j’avais une voisine avec moi. A 9/10 ans, nous
rentrions ensemble et nous allions l’une
chez l’autre en attendant nos parents. Je n’avais pas particulièrement
d’appréhension et surtout je ne me souviens pas que ma mère m’ait montrée une quelconque réticence… Elle est pourtant
loin d’être inconsciente et ne m’aurait pas exposée. De plus, je suis sa seule
fille donc j’imagine qu’elle devait être angoissée comme toutes les mamans à
l’idée de me laisser faire le chemin sans elle. J’habitais aussi à Paris mais
peut être que l’époque était différente…
Les parents étaient sans doute plus confiants, moins angoissés par le monde autour. Les grands scandales de pédophilie n’avaient pas encore éclatés et surtout les enfants étaient plus autonomes.
Sommes-nous une génération d’angoissés, rêvant d’un monde de
conte de fées ?
Est-ce que mon angoisse est disproportionnée ? J’ai
plutôt l’impression d’être au contraire assez ouverte sur ce point ?
Est-ce que j’ai tout simplement la sensation étrange que mon tout petit m’échappe en prenant déjà son chemin ?
Depuis qu’il est tout petit, je l’accompagne à la crèche
d’abord, puis à la maternelle, enfin à la grande école et déjà il veut que je
le laisse en haut de la rue ?
les premiers pas de mon bébé il y a 7 ans... |
Non, je ne suis pas prête à vivre ce grand changement dans
ma vie de maman … Je m’accroche à des petits détails comme sa main dans la
mienne, son pas assuré, sa petite mèche blonde et son dernier baiser du matin.
C’est dur de les voir grandir même quand ils grandissent bien.
Heureusement, j’ai encore le plaisir de venir le chercher le
soir et de voir son visage s’illuminer quand il nous voit. L’autonomie gagne du
terrain mais n’a pas encore gagné la partie.
Les voir prendre leur chemin, c’est une étape fondamentale
dans la vie de tout parent, un chamboulement nécessaire et fondateur qui permet
de se connaître.
L’enfant sait quand il est prêt mais il a besoin de temps
pour appréhender l’espace et les dangers de la rue ; le parent est
confronté malgré lui à cette réalité et a besoin d’encore plus de temps pour
franchir cette étape de la vie.
Alors je le regarde remonter la rue et je serre un peu plus la petite main encore dépendante de sa petite sœur
profitant un peu plus de ce privilège de partager ce rituel qui ne sera bientôt
plus.
Je relève les yeux et il a déjà tourné, heureux de franchir
les portes de son école et de vivre sa vie.
Tous les parents rêvent d’enfants bien dans leurs baskets. C’est
le cas de nos enfants et cela me console de ce petit moment partagé en moins.
Quel joli article qui décrit bien l'ambivalence des sentiments entre les laisser grandir et devenir autonome et le fait de vouloir les garder encore près de nous...
RépondreSupprimersi tu savais comme ça me parle! kisses :-)
RépondreSupprimerJe vis la même chose que toi avec Jeanne.Et comme toi je suis ravie de la voir grandir et en même temps mon coeur de maman se serre. Elle est presque passée du côté des "grands".
RépondreSupprimerMais au fond, je ne lui souhaite que ça d'être autonome et bien dans ses baskets...et je la laisse prendre son envol comme mes parents l'ont fait avant moi.
Bisous
Ici c'est l'inverse, moi je suis prête mais pas eux, du coup j'ai encore mon bisou devant le portail et j'en profite ! :)
RépondreSupprimerJ'ai 3 petits mecs et c'est clair que je redoute le moments où ils ne voudront plus du bisou devant les copains ;) mais il faut aussi penser que les risques sont quand même plus importants qu'avant ... ou sont-ils seulement plus médiatiser ? En tout cas je sais qu'ils ont besoin de notre confiance pour avoir confiance en eux, et trouver un compromis peut satisfaire tout le monde ;)
RépondreSupprimertrès bel article... même s'il m'effraye un peu... que ça va vite
RépondreSupprimer...
Ma loupiotte n'a que 6 ans mais j'angoisse déjà à l'idée qu'elle rentrera seule du collège (qui est dans notre village). Autant te dire que ton billet me parle!!
RépondreSupprimercomme je te comprends... moi qui pousse ma fille à prendre confiance en elle, mon coeur se serre dès qu'elle se détache de moi sans se retourner...
RépondreSupprimertu peux être fière de toi et de ton petit homme, en tous cas :-)