Je me souviens de la première fois où je suis entrée dans un
magasin Ikea : j’étais aussi
excitée que mes enfants entrant dans un magasin de jouets.
Car Ikea c’est un peu le Toyrus des grands, l’endroit dans
lequel tu sais que tu vas en prendre
plein les yeux.
Tu t’es souvent demandé pourquoi ils ne louaient pas des
appartements tant les espaces proposant salon, cuisine ou chambre font rêver… C’est aussi le seul magasin que je
connaisse où tu rentres pour acheter une lampe et dont tu ressors avec une
étagère, un nouveau canapé et une boite à chapeaux dont tu n’as pas besoin mais
que tu as trouvé vraiment jolie.
Ils sont forts chez Ikea et la première fois que j’ai
franchi les portes de cette célèbre enseigne, j’ai été conquise…
Mais depuis 20 ans ont passé et comme dans un décor de
carton- pâte, les peintures ont perdu de leur patine et j’ai vu que derrière
les jolis décors et les belles formules, tout n’était pas rose au pays du
suédois !
Pourtant je suis comme
tout le monde …
Chaque année, j’attends le nouveau catalogue dans ma boite aux lettres et je peste quand je ne le reçois pas.
J’adore m’installer confortablement dans mon lit et feuilleter chaque page, découvrir les nouveautés et ses meubles et objets de déco pensés par des « designers » aux noms imprononçables.
Expedit, Billy, PS, Hemnes, Kasset, ces mots sont devenus
familiers de mon vocabulaire et je me demande même s’ils ne méritent pas de
figurer dans le dictionnaire tant ils sont devenus des noms communs.
Et d’ailleurs, dès que je dois renouveler un meuble à la
maison, je file chez le Suédois…
C’est même un peu une drogue : une fois par an, j’aime
me faire un petit shoot bleu et jaune.
Et j’entends encore mes amis provinciaux s’extasier
quand un magasin Ikea s’installe près de
chez eux…
Mais là je dois te le dire, cher ami venu du nord, je suis
un peu déçue par mes dernières visites.
D’abord, en arrivant dans ton parking, je sens déjà que ça
ne va plus aussi bien qu’avant. Je ne demande pas à être accueillie avec des
cotillons et une chanson de bienvenue mais un peu de lumière serait agréable.
Une fois arrivée devant ton portillon digne des plus grands
palaces, je reste sans voix une fois les portes franchies. Je cherche un peu de
cette folie que tu aimes montrer dans tes pubs mais à la place j’ai un pompier
et une dame à l’accueil aux regards vides qui parlent ensemble sans même un
bonjour pour les personnes qui entrent…
Avant de venir, j’ai promis aux enfants qu’ils pourraient s’amuser
dans un super espace de jeu, le Smâland, lequel m’a longtemps donné envie d’avoir 5 ans
pour l’essayer. Mais ça s’était avant…. Quand cet espace était réellement
ouvert. Car voilà, à chaque fois que je me rends chez toi (et crois-moi c’est
toujours un weekend ou un jour férié), ce bel espace de jeu qu’on aperçoit
derrière la vitre n’est pas ouvert ! La dernière fois, je suis restée
devant l’entrée accompagnée de mes deux bambins mais personne n’est venu… Quand
j’ai demandé au pompier de service si l’espace allait ouvrir, il m’a répondu
que cela serait peut être ouvert à 14h
en fonction des effectifs disponibles… Quand je suis ressortie du magasin à
15h, ce n’était toujours pas ouvert.
Mais je me suis adaptée. Après tout, tu n’es pas une aire de
jeux pour les enfants mais un espace de shopping.
Je dois dire que ton espace de visite est toujours aussi
attractif. Mes enfants ont adoré découvrir ces salons ou chambres aménagées. A
défaut d’aire de jeux, nous avons donc pris la pose sur tes canapés moelleux,
regardé tes télévisions, et même noté sur des papiers mis généreusement à notre
disposition les informations sur les objets qui nous intéressaient….
Après tout ça, à mi –parcours, nous nous sommes arrêtés à
ton super self attirés par tes fameuses boulettes suédoises, ton menu enfant à
2,95 € et toutes tes spécialités suédoises. Pourtant tes rayonnages étaient
bien vides te rapprochant plus d’un restaurant de l’ancienne URSS que d’un
espace de restauration payant. Je ne jugerai pas de la qualité de ton menu, les
enfants ont mangé des frites et ils étaient contents.
Mais ton self m’a paru si triste et pour 20 € les menus
enfants et les seuls plats adultes (sans entrée, dessert, boisson ou café),
j’ai trouvé quand même ça un peu cher d’autant qu’hormis le passage en caisse,
il n’y a aucun service…
Je ne parlerai pas non plus de tes toilettes qui à 13h étaient déjà toutes vides de papier toilette et tout justes propres.
Après ce frugal repas, direction l’espace de tous les
dangers pour le portefeuille : le libre-service. C’est là que cette passoire
nous fait de l’œil, que ce coussin placé subtilement sur notre chemin semble
crier notre nom… mais attention, on a le droit de résister… Et bizarrement, je
résiste de mieux en mieux.
Je n’étais donc pas
peu fière de m’être cantonnée à ma liste initiale en arrivant dans l’espace des
meubles et de pouvoir enfin retirer ma nouvelle étagère Kallax. Sauf qu’une
fois sur place, je n’ai pas retrouvé dans les allées le meuble tant convoité.
Déjà la dernière fois, j’avais bavé sur un meuble à l’étage
qui n’était finalement plus disponible… Le mari commençant à s’impatienter
derrière, j’ai arpenté les allées à la recherche de vendeurs. Au bout de 10
minutes, j’en ai finalement trouvé deux planqués derrière les piles de Billy
qui m’ont expliqué que mon meuble n’était pas là mais que je pouvais utiliser
un téléphone rouge pour appeler un autre vendeur qui me répondrait peut être et
m’indiquerait la dispo de mon meuble. Et de rajouter que si au bout de 10
minutes, je n’avais pas de réponse, il me faudrait refaire mon tour en sens
inverse pour éventuellement trouver un vendeur qui pourrait me renseigner…
Comme j’étais venue pour ça, je ne me suis pas découragée mais là quand même je peux te le dire je commençais un peu à m’agacer…(et vous lecteurs, vous commencez à vous y perdre)
45 minutes plus tard, nous te quittions avec notre étagère sous le bras et un arrière-goût amer sur :
- Le service très minimum que tu proposes alors que tes meubles ne sont pas aussi bon marché que cela ;
- Le fait que nous avons quand même passé plus de temps à chercher notre meuble, faire la queue en caisse puis de nouveau la queue au retrait de marchandises que de faire le tour complet de ton magasin ;
- Et surtout ton personnel qui respire la joie de vivre. En même temps je peux comprendre étant donné les tenues que tu leur fais porter. Apparemment aucun couturier suédois de renom n’a souhaité s’associer à toi pour fournir des vêtements à la hauteur des meubles que tu vends. Il semblerait qu’à ce niveau-là tu sois resté dans les années 90. Je ne connais pas le salaire moyen d’un de tes employés mais je suis prête à parier que la plupart touche le SMIC. Et bien, je vais te le dire, cela se voit que tu proposes aussi du Low cost dans ce domaine. Ton personnel est bien loin des jeunes gens pleins de vie de tes catalogues en papier glacé : il est fade, triste et ressemble plus à des robots qu’à des êtres humains. C’est le service minimum côté sourire.Peut-être d’ailleurs qu’il pourrait y avoir maintenant le robot qui garde les enfants, le robot qui sert au snack, le robot qui nettoie les toilettes ou celui qui sert en caisse… Ce serait drôle d’ailleurs, tu pourrais leur donner des noms avec des trémas et beaucoup de consonnes.
Ikea je te le dis, tu manques un peu de swag. Il faut revoir ton état d’esprit.
Alors bien sûr je reviendrais te voir parce que malgré tout je te reste fidèle mais je te le dis, il y a trop de décalage entre l’image que tu souhaites donner et l’ambiance qui règne dans tes magasins.
Njut Njut !