Les ateliers Parentaux

samedi 14 novembre 2015

Rue de Charonne (#Prayforparis)


Hier soir je suis sortie dans Paris  comme je l’ai toujours fait depuis que je suis adolescente…

Hier soir je suis sortie dans le 11ème parce que c’est mon quartier, celui de mon enfance et celui auquel je reste attachée parce que j’y ai mes repères.

Hier soir je suis partie de la soirée à laquelle je participais  vers 20h30, j’ai pris le métro à 100 mètres du Bataclan.

Hier soir je suis rentrée, on a regardé le foot parce que cela faisait plaisir  à notre fils. Puis nous les avons couchés après les avoir embrassés, finissant notre soirée devant le match.

Un vendredi soir tranquille dans notre appartement parisien.

Et puis comme tout le monde, la découverte de l’horreur.

Les images qui s’enchainent : le Stade de France, le 10ème arrondissement, le 11 ème arrondissement.

La carte de Paris qui s’affiche me fait froid dans le dos. Je reconnais chaque image, chaque bar ou coin de rue.

J’ai habité pendant 15 ans en face de ce café qui a été pris pour cible rue de Charonne.

Je suis passée devant des centaines de fois pour rentrer de l’école, aller me promener, aller ensuite rendre visite à ma mère qui a quitté le quartier depuis 3 ans…

Je ne suis pas morte ce soir-là mais je peux vivre cette scène car je connais cet endroit. Je ressens dans ma chair et dans ma mémoire cette horreur. Si je ferme les yeux, je peux voir les détails des lieux et presque reconstituer cette soirée du 13 novembre 2015.

J'imagine ces jeunes gens installés au terrasse ou fumant une cigarette une bière à la main sur le trottoir. Ils sont là, ils sont jeunes et ont envie de passer une bonne soirée. C'est le même rituel tous les weekends. Le temps est agréable ce soir comme un prolongement de l'été. Tout le monde a envie de passer une belle soirée. Et puis cette voiture qui s'arrête .La rue est assez étroite, il est difficile de se cacher ou s'échapper...

Quand j’étais étudiante, j’étais tellement fière d’habiter dans ce coin, de me dire que pour sortir, m’amuser je n’avais qu’à descendre dans ma rue. 

J’ai fêté mes 20 ans dans un bar restaurant à une dizaine de mètres du café pris pour cible.
La rue de Charonne c’est la rue populaire par excellence, une rue qui transpire la vie, qui pétille, qui grouille et qui a une âme… C’est la rue de  la jeunesse  et ce n’est pas par hasard si elle a été prise pour cible.

La rue de Charonne a résisté à la Révolution, à la Commune, à  la fusillade  dans son métro pendant la guerre d’Algérie, au tueur en série Guy George qui en avait fait son terrain de chasse.

Elle résistera à ce drame car elle est forte.

J’aimerais aller déposer une bougie dans les jours à venir mais je ne crois pas que je suis prête à y aller avec les enfants.

Ce n’est pas pour eux et je ne sais pas si j’arriverais à cacher mon émotion devant ce lieu que je connais si bien.
Le quartier de la Fontaine au Roi, j’y ai travaillé. Le Bataclan est à deux pas, j’y suis passée souvent.

Des milliers de personnes ont été touchées, chacun à leur façon aux 4 coins de France et partout ailleurs. Sur les réseaux sociaux, les attentats parisiens ont occupé les fils d’actu toute la journée. Les médias en ont parlé.

Ma famille m’a appelée et envoyée des SMS toute la journée pour savoir comment nous allions. 

Je suis meurtrie de voir ce coin de Paris encore une fois touché. En janvier, c’était déjà le 11ème et le 12ème qui étaient atteints. Des lieux qui me sont familiers, des lieux simples et populaires…

Tout le monde est choqué à sa manière et beaucoup l’ont exprimé comme une catharsis…
C’est un deuil national que nous partageons tous.

Ma façon d’en parler n’est qu’un angle mais j’ai ressenti une peine toute particulière car même si je ne connais aucune des victimes, je connais très bien l’esprit de ces soirées dans la rue de Charonne et dans le 11ème.

Alors permettez-moi de vous dire que ce soir j’ai (encore) de la peine…

Et permettez-moi de vous dire aussi que peut-être quelque part à Damas, à Tunis, à Beyrouth ou ailleurs, des personnes voient des endroits qu’ils aiment détruits, des personnes jeunes et insouciants qui disparaissent… Et qu’ils ressentent la même peine.

#PrayforParis #Prayforhumanity


Hier Hie


12 commentaires:

  1. Mes beaux parents habitent Bd Voltaire, juste en face du Bataclan, alors je comprends ce que tu ressens...

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  2. J'ai le coeur en miettes. C'est tellement injuste. Mauvais endroit, mauvais moment. Parce que des fanatiques l'ont décidé. J'ai la nausée. #prayforparis #prayforthem #prayforourchildren

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  3. Je te comprends complètement. Merci de l avoir si bien exprimé et toutes mes amitiés à toi et ta famille. <3

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  4. Plein de bisous ma belle... Il faut être fort pour continuer et se relever et surtout continuer de croire en l'avenir.
    Hier soir je n'ai jamais été aussi soulagée d'être aux portes de Paris
    #jesuisparis

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  5. J'imagine tout à fait que c'est encore plus dur avec ces lieux si familiers <3

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  6. Je fais tourner ce poignant témoignage.... Restons debouts et fiers de ce que nous sommes. Il reste encore beaucoup à faire et de gros nuages noirs s'avancent venus aussi mauvais esprits à l'intérieur de nous mêmes. No pasaran.


    Papito

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  7. J'ignore comment j'ai pu passer à côté de ton billet. Je n'ai pas vécu rue de Charonne mais je déjeunais, dinais très souvent au Petit cambodge avec mon amie S. Avant d'aller à des concerts d'ailleurs... J'ai trouvé du réconfort avec mes élèves et mes enfants. J'ai l'impression d'être en apnée. Je t'embrasse et bravo pour tes mots.

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