Hier soir je suis sortie dans Paris comme je l’ai toujours fait depuis que je suis
adolescente…
Hier soir je suis sortie dans le 11ème parce que
c’est mon quartier, celui de mon enfance et celui auquel je reste attachée
parce que j’y ai mes repères.
Hier soir je suis partie de la soirée à laquelle je
participais vers 20h30, j’ai pris le
métro à 100 mètres du Bataclan.
Hier soir je suis rentrée, on a regardé le foot parce que
cela faisait plaisir à notre fils. Puis
nous les avons couchés après les avoir embrassés, finissant notre soirée devant
le match.
Un vendredi soir tranquille dans notre appartement parisien.
Un vendredi soir tranquille dans notre appartement parisien.
Et puis comme tout le monde, la découverte de l’horreur.
Les images qui s’enchainent : le Stade de France, le 10ème arrondissement, le 11 ème arrondissement.
La carte de Paris qui s’affiche me fait froid dans le dos. Je
reconnais chaque image, chaque bar ou coin de rue.
J’ai habité pendant 15 ans en face de ce café qui a été pris
pour cible rue de Charonne.
Je suis passée devant
des centaines de fois pour rentrer de l’école, aller me promener, aller ensuite
rendre visite à ma mère qui a quitté le quartier depuis 3 ans…
Je ne suis pas morte ce soir-là mais je peux vivre cette
scène car je connais cet endroit. Je ressens dans ma chair et dans ma mémoire
cette horreur. Si je ferme les yeux, je peux voir les détails des lieux et presque reconstituer cette soirée du 13 novembre 2015.
J'imagine ces jeunes gens installés au terrasse ou fumant une cigarette une bière à la main sur le trottoir. Ils sont là, ils sont jeunes et ont envie de passer une bonne soirée. C'est le même rituel tous les weekends. Le temps est agréable ce soir comme un prolongement de l'été. Tout le monde a envie de passer une belle soirée. Et puis cette voiture qui s'arrête .La rue est assez étroite, il est difficile de se cacher ou s'échapper...
Quand j’étais étudiante, j’étais tellement fière d’habiter
dans ce coin, de me dire que pour sortir, m’amuser je n’avais qu’à descendre
dans ma rue.
J’ai fêté mes 20 ans dans un bar restaurant à une dizaine de mètres du café pris pour cible.
La rue de Charonne c’est la rue populaire par excellence, une rue qui transpire la vie, qui pétille, qui grouille et qui a une âme… C’est la rue de la jeunesse et ce n’est pas par hasard si elle a été prise pour cible.
La rue de Charonne a résisté à la Révolution, à la Commune,
à la fusillade dans son métro pendant la guerre d’Algérie, au
tueur en série Guy George qui en avait fait son terrain de chasse.
Elle résistera à ce drame car elle est forte.
Elle résistera à ce drame car elle est forte.
J’aimerais aller déposer une bougie dans les jours à venir
mais je ne crois pas que je suis prête à y aller avec les enfants.
Ce n’est pas pour eux et je ne sais pas si j’arriverais à
cacher mon émotion devant ce lieu que je connais si bien.
Le quartier de la Fontaine au Roi, j’y ai travaillé. Le Bataclan est à
deux pas, j’y suis passée souvent.
Des milliers de personnes ont été touchées, chacun à leur
façon aux 4 coins de France et partout ailleurs. Sur les réseaux sociaux, les
attentats parisiens ont occupé les fils d’actu toute la journée. Les médias en
ont parlé.
Ma famille m’a appelée et envoyée des SMS toute la journée
pour savoir comment nous allions.
Je suis meurtrie de voir ce coin de Paris encore une fois touché. En janvier, c’était déjà le 11ème et le 12ème qui étaient atteints. Des lieux qui me sont familiers, des lieux simples et populaires…
Tout le monde est choqué à sa manière et beaucoup l’ont
exprimé comme une catharsis…
C’est un deuil national que nous partageons tous.
Ma façon d’en parler n’est qu’un angle mais j’ai ressenti une peine toute particulière car même si je ne connais aucune des victimes, je connais très bien l’esprit de ces soirées dans la rue de Charonne et dans le 11ème.
Alors permettez-moi de vous dire que ce soir j’ai (encore)
de la peine…
Et permettez-moi de vous dire aussi que peut-être quelque
part à Damas, à Tunis, à Beyrouth ou ailleurs, des personnes voient des
endroits qu’ils aiment détruits, des personnes jeunes et insouciants qui
disparaissent… Et qu’ils ressentent la même peine.
#PrayforParis #Prayforhumanity
#PrayforParis #Prayforhumanity
12 commentaires:
<3
Mes beaux parents habitent Bd Voltaire, juste en face du Bataclan, alors je comprends ce que tu ressens...
💖
J'ai le coeur en miettes. C'est tellement injuste. Mauvais endroit, mauvais moment. Parce que des fanatiques l'ont décidé. J'ai la nausée. #prayforparis #prayforthem #prayforourchildren
Je te comprends complètement. Merci de l avoir si bien exprimé et toutes mes amitiés à toi et ta famille. <3
Plein de bisous ma belle... Il faut être fort pour continuer et se relever et surtout continuer de croire en l'avenir.
Hier soir je n'ai jamais été aussi soulagée d'être aux portes de Paris
#jesuisparis
J'en ai la chaire de poule...
J'imagine tout à fait que c'est encore plus dur avec ces lieux si familiers <3
Je fais tourner ce poignant témoignage.... Restons debouts et fiers de ce que nous sommes. Il reste encore beaucoup à faire et de gros nuages noirs s'avancent venus aussi mauvais esprits à l'intérieur de nous mêmes. No pasaran.
Papito
<3
Je t'embrasse. Simplement.
J'ignore comment j'ai pu passer à côté de ton billet. Je n'ai pas vécu rue de Charonne mais je déjeunais, dinais très souvent au Petit cambodge avec mon amie S. Avant d'aller à des concerts d'ailleurs... J'ai trouvé du réconfort avec mes élèves et mes enfants. J'ai l'impression d'être en apnée. Je t'embrasse et bravo pour tes mots.
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