Les ateliers Parentaux

lundi 19 septembre 2016

Au secours, il faut déjà choisir le collège !



Oups à quelques semaines de sa rentrée en CM2, il est déjà temps de choisir le collège ...

Evidemment en devenant parents, on sait qu’on aura à faire des choix pour ce petit être qui est là. Chaque jour qui passe confirme cette évidence  avec la même volonté commune : choisir ce qu’il y a de mieux pour lui.

Choisir le bon lait, choisir la bonne activité, le bon cartable, le bon pyjama… Tous ces choix sont quasi quotidiens dans la vie de parents et il n’est pas rare qu’on en discute ensemble se donnant mutuellement avis et conseils.

Jusqu’à présent, j’ai trouvé nos choix assez simples mais pour la première fois, nous avons été confrontés à un dilemme, une question cruciale dont nous avons discuté en famille : le choix du collège pour l’an prochain.

En principe dans le public, c’est assez vite réglé puisque les enfants sont sectorisés et que la politique de l’Académie est de ne pas accorder de dérogation. A Paris, cela signifie que grosso modo, les enfants d’une même école primaire auront toutes les chances de se retrouver dans le même collège. Mais ils ne seront pas les seuls puisque plusieurs écoles dépendent aussi de ce collège.

Et évidemment, la sectorisation a du bon en ce sens qu’elle est censée permettre de regrouper les élèves et empêcher de créer des établissements d’élite versus des mauvais collèges.

Cependant, cher lecteur tu me vois venir, ça c’est sur le papier car dans les faits, deux phénomènes se produisent.

Paris est ainsi fait que certains quartiers sont plus chics que d’autre ce qui entraîne in fine un meilleur niveau des collèges et surtout un préjugé sur le niveau du collège qui suivra l’enfant toute sa vie d’étudiant. En effet, un enfant qui démarre sa scolarité à Henri IV aura a priori plus de chance d’accéder ensuite à un bon lycée qu’un enfant du 19 eme arrondissement…

Par ailleurs, les parents des quartiers plus modestes et qui souhaitent le meilleur pour leur enfant ont tendance à fuir le collège dont ils dépendent au motif que celui-ci souffre d’un niveau plus bas ou qu’ils ont peur des fréquentations que pourrait avoir leur rejeton.
Ils peuvent alors avoir tendance à se tourner vers le privé.

Nous faisons partie de ces parents biberonés à l’école publique qui ont pourtant eu un sérieux doute sur l’opportunité de laisser notre petit bonhomme aller ou non dans le public l’an prochain…

Des mois, des semaines et des heures de discussions sur ce thème.

Il y a l’envie, celle que son enfant puisse bénéficier du meilleur. Quand on habite un quartier mixte, les enfants n’ont pas tous le même niveau, ne bénéficient pas tous des mêmes chances pour apprendre sereinement. Alors forcément le choix du collège est conditionné par le niveau global. Cependant, notre enfant ayant fait sa scolarité dans l’école publique jusqu’alors, nous en connaissons les travers : le manque de moyens, l’absentéisme, de élèves parfois difficiles…  Et surtout, nous en connaissons  les bons côtés : l’énergie des enseignants, la possibilité de s’enrichir au contact d’autres cultures, la proximité, la variété des enseignements, la culture générale.. . Au cours de la scolarité de notre enfant, nous avons surtout vu tous ses progrès et un petit garçon épanoui avec des professeurs à son écoute.

Il y a parfois la conviction : religieuse, culturelle, sociale… qui pousse un parent à choisir un enseignement privé pour sa progéniture. Le collège privé sur lequel nous hésitions était un collège semi-privé avec une obédience catholique peu marquée, notre faible engagement en la matière n’aurait pas été un obstacle. Ce qui nous gênait un peu plus était le discours tenu par certains parents d’enfants scolarisés dans le privé. Car parfois à trop vouloir le mieux pour son enfant, on risque de tomber dans un certain élitisme voulant faire de son enfant le meilleur parmi les meilleurs. Ce ne sont pas nos valeurs. Nous souhaitons que notre enfant apprenne qu’il n’y a pas qu’une seule façon de voir le monde, qu’il s’intègre tout en gardant son esprit critique. Certaines écoles privées proposent des enseignements alternatifs très intéressants mais leur prix particulièrement élevé fait qu’elles ne sont fréquentées que par le même profil d’enfants socialement élevés.

Il y a parfois l’inadaptation au modèle très standardisé proposé par l’école publique. Il est vrai que les programmes et le modèle proposés à l’école aujourd’hui .C’est d’ailleurs le principal reproche qu’on peut faire à notre système scolaire actuel qui a tendance à laisser sur le bord de la route les élèves différents. Je connais ainsi deux ou trois amies dont les enfants ont des profils qui nécessitent une attention particulière. Je comprends que dans ce cas, l’école privée ,réputée plus à l’écoute de chaque cas, soit plus adaptée. Mais notre enfant est parfaitement intégré et même son profil artistique a été encouragé par ses professeurs. Ses prouesses sportives auraient pu l’emmener vers une classe de sport étude (nous en avons même déjà parlé avec les enseignants) mais il est bien trop jeune pour être déjà plongé dans ce milieu très compétitif.

Il y a aussi souvent la peur, particulièrement présente chez les parents de notre génération. Je me souviens que lorsque je suis entrée au collège on parlait de certains jeunes « voyous » qui venaient agresser les enfants en les dépouillant, les volant ou les molestant. Cela faisait même les choux gras des infos de l’époque… Je retrouve exactement les mêmes craintes chez certains parents de mon entourage. Ainsi en mettant leur enfant dans le privé, beaucoup pensent le protéger des mauvaises fréquentations. Nous ne sommes pas naïfs et nous savons que notre petit bonhomme va être parfois  bousculé dès sa 6 eme, qu’ il aura à faire à des enfants violents et non éduqués. Nous aurons peut-être peur pour lui, nous serons en colère parce que certains lui auront fait du mal mais il ne sera pas plus protégé dans le privé pour la bonne raison que les petites terreurs ont tendance à faire leurs mauvais coups à la sortie de l’école. Par ailleurs, nous lui faisons confiance et sommes suffisamment présents pour lui éviter d’emprunter les mauvais chemins. Il fera certainement des  bêtises, il pourra nous mener la vie dure comme la plupart des adolescents. Mais nous ne voulons pas partir de l’idée que le collège public est truffé de voyous prêts à bondir sur le premier petit nouveau venu. Notre enfant doit être prêt à affronter le monde et l’école publique n’est pas le lieu de tous les dangers.

Nous avons donc choisi le collège public pour toutes ces raisons et aussi parce que cela a quand même un coût non négligeable dans le budget d’une famille. Nous aurions pu succomber à la tentation du privé mais si tous les enfants favorisés quittent le système classique alors cela va donner de l’eau au moulin des bien-pensants et de ceux qui sont persuadés que cela devient trop compliqué de s’entendre ensemble dans notre pays déjà si divisé.

Nous ne sommes pas les seuls à avoir vécu ce dilemme, c’est d’ailleurs un sujet de conversation récurrent depuis la rentrée. 

Même si nous avons eu 8 années  pour réfléchir à l’étape du collège, les questions nous ont assaillies et nous avons mille fois changé d’avis.

Nous avons donc fait le choix d’accompagner notre enfant dans cette orientation, nous ne le laisserons pas seul, tâcherons d’être à son écoute et essaierons d’en faire un être heureux et bienveillant. 

Nous avons fait ce choix tous les 3 , un pas de plus pour son avenir…

En attendant, il va profiter de sa dernière année à l'école primaire.




2 commentaires:

  1. Je trouve votre démarche très réfléchie et très bien construite. Tu sais combien je suis pro public mais je comprends le départ de certains parents vers le privé. La question se posera de manière obligatoire l'an prochain pour nous et même si nous avons déjà cheminé dans notre interrogation, tout peut encore évoluer.

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  2. C'est tout à votre honneur, au moins vous allez au bout de vos principes, ici nous sommes plutôt "faites ce que je dis pas ce que je fais" et je le déplore, prof dans le public les deux sont scolarisés en privé... J'admire cette honnêteté intellectuelle, de bien belles valeurs transmises à votre grand garçon.

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