Oups à quelques semaines de sa rentrée en CM2, il est déjà temps de choisir le collège ...
Evidemment en devenant parents, on sait qu’on aura à faire
des choix pour ce petit être qui est là. Chaque jour qui passe confirme cette
évidence avec la même volonté commune : choisir ce qu’il y a de
mieux pour lui.
Choisir le bon lait, choisir la bonne activité, le bon
cartable, le bon pyjama… Tous ces choix sont quasi quotidiens dans la vie de
parents et il n’est pas rare qu’on en discute ensemble se donnant mutuellement
avis et conseils.
Jusqu’à présent, j’ai trouvé nos choix assez simples mais
pour la première fois, nous avons été confrontés à un dilemme, une question
cruciale dont nous avons discuté en famille : le choix du collège pour
l’an prochain.
En principe dans le public, c’est assez vite réglé puisque
les enfants sont sectorisés et que la politique de l’Académie est de ne pas
accorder de dérogation. A Paris, cela signifie que grosso modo, les enfants
d’une même école primaire auront toutes les chances de se retrouver dans le
même collège. Mais ils ne seront pas les seuls puisque plusieurs écoles
dépendent aussi de ce collège.
Et évidemment, la sectorisation a du bon en ce sens qu’elle
est censée permettre de regrouper les élèves et empêcher de créer des
établissements d’élite versus des mauvais collèges.
Cependant, cher lecteur tu me vois venir, ça c’est sur le
papier car dans les faits, deux phénomènes se produisent.
Paris est ainsi fait que certains quartiers sont plus chics
que d’autre ce qui entraîne in fine un meilleur niveau des collèges et surtout
un préjugé sur le niveau du collège qui suivra l’enfant toute sa vie
d’étudiant. En effet, un enfant qui démarre sa scolarité à Henri IV aura a
priori plus de chance d’accéder ensuite à un bon lycée qu’un enfant du 19 eme arrondissement…
Par ailleurs, les parents des quartiers plus modestes et qui
souhaitent le meilleur pour leur enfant ont tendance à fuir le collège dont ils
dépendent au motif que celui-ci souffre d’un niveau plus bas ou qu’ils ont peur
des fréquentations que pourrait avoir leur rejeton.
Ils peuvent alors avoir tendance à se tourner vers le privé.
Nous faisons partie de ces parents biberonés à l’école
publique qui ont pourtant eu un sérieux doute sur l’opportunité de laisser
notre petit bonhomme aller ou non dans le public l’an prochain…
Des mois, des semaines et des heures de discussions sur ce
thème.
Il y a l’envie, celle que son enfant puisse bénéficier du
meilleur. Quand on habite un quartier mixte, les enfants n’ont pas tous le même
niveau, ne bénéficient pas tous des mêmes chances pour apprendre sereinement.
Alors forcément le choix du collège est conditionné par le niveau global.
Cependant, notre enfant ayant fait sa scolarité dans l’école publique
jusqu’alors, nous en connaissons les travers : le manque de moyens,
l’absentéisme, de élèves parfois difficiles…
Et surtout, nous en connaissons les bons côtés : l’énergie des
enseignants, la possibilité de s’enrichir au contact d’autres cultures, la
proximité, la variété des enseignements, la culture générale.. . Au cours
de la scolarité de notre enfant, nous avons surtout vu tous ses progrès et un
petit garçon épanoui avec des professeurs à son écoute.
Il y a parfois la conviction : religieuse, culturelle,
sociale… qui pousse un parent à choisir un enseignement privé pour sa
progéniture. Le collège privé sur lequel nous hésitions était un collège
semi-privé avec une obédience catholique peu marquée, notre faible engagement
en la matière n’aurait pas été un obstacle. Ce qui nous gênait un peu plus
était le discours tenu par certains parents d’enfants scolarisés dans le privé.
Car parfois à trop vouloir le mieux pour son enfant, on risque de tomber dans
un certain élitisme voulant faire de son enfant le meilleur parmi les
meilleurs. Ce ne sont pas nos valeurs. Nous souhaitons que notre enfant
apprenne qu’il n’y a pas qu’une seule façon de voir le monde, qu’il s’intègre
tout en gardant son esprit critique. Certaines écoles privées proposent des
enseignements alternatifs très intéressants mais leur prix particulièrement
élevé fait qu’elles ne sont fréquentées que par le même profil d’enfants
socialement élevés.
Il y a parfois l’inadaptation au modèle très standardisé
proposé par l’école publique. Il est vrai que les programmes et le modèle
proposés à l’école aujourd’hui .C’est d’ailleurs le principal reproche qu’on
peut faire à notre système scolaire actuel qui a tendance à laisser sur le bord
de la route les élèves différents. Je connais ainsi deux ou trois amies dont
les enfants ont des profils qui nécessitent une attention particulière. Je comprends
que dans ce cas, l’école privée ,réputée plus à l’écoute de chaque cas, soit
plus adaptée. Mais notre enfant est parfaitement intégré et même son profil
artistique a été encouragé par ses professeurs. Ses prouesses sportives
auraient pu l’emmener vers une classe de sport étude (nous en avons même déjà
parlé avec les enseignants) mais il est bien trop jeune pour être déjà plongé
dans ce milieu très compétitif.
Il y a aussi souvent la peur, particulièrement présente chez
les parents de notre génération. Je me souviens que lorsque je suis entrée au
collège on parlait de certains jeunes « voyous » qui venaient
agresser les enfants en les dépouillant, les volant ou les molestant. Cela faisait
même les choux gras des infos de l’époque… Je retrouve exactement les mêmes
craintes chez certains parents de mon entourage. Ainsi en mettant leur enfant
dans le privé, beaucoup pensent le protéger des mauvaises fréquentations. Nous
ne sommes pas naïfs et nous savons que notre petit bonhomme va être parfois
bousculé dès sa 6 eme, qu’ il aura à faire à des enfants violents et non
éduqués. Nous aurons peut-être peur pour lui, nous serons en colère parce que
certains lui auront fait du mal mais il ne sera pas plus protégé dans le privé
pour la bonne raison que les petites terreurs ont tendance à faire leurs
mauvais coups à la sortie de l’école. Par ailleurs, nous lui faisons confiance
et sommes suffisamment présents pour lui éviter d’emprunter les mauvais
chemins. Il fera certainement des bêtises,
il pourra nous mener la vie dure comme la plupart des adolescents. Mais nous ne
voulons pas partir de l’idée que le collège public est truffé de voyous prêts à
bondir sur le premier petit nouveau venu. Notre enfant doit être prêt à
affronter le monde et l’école publique n’est pas le lieu de tous les dangers.
Nous avons donc choisi le collège public pour toutes ces
raisons et aussi parce que cela a quand même un coût non négligeable dans le
budget d’une famille. Nous aurions pu succomber à la tentation du privé mais si
tous les enfants favorisés quittent le système classique alors cela va donner
de l’eau au moulin des bien-pensants et de ceux qui sont persuadés que cela
devient trop compliqué de s’entendre ensemble dans notre pays déjà si divisé.
Nous ne sommes pas les seuls à avoir vécu ce dilemme, c’est d’ailleurs un sujet de conversation récurrent depuis la rentrée.
Même si nous avons eu 8 années pour réfléchir à l’étape du collège, les questions nous ont assaillies et nous avons mille fois changé d’avis.
Nous avons donc fait le choix d’accompagner notre enfant
dans cette orientation, nous ne le laisserons pas seul, tâcherons d’être à son
écoute et essaierons d’en faire un être heureux et bienveillant.
Nous avons
fait ce choix tous les 3 , un pas de plus pour son avenir…
En attendant, il va profiter de sa dernière année à l'école primaire.
Je trouve votre démarche très réfléchie et très bien construite. Tu sais combien je suis pro public mais je comprends le départ de certains parents vers le privé. La question se posera de manière obligatoire l'an prochain pour nous et même si nous avons déjà cheminé dans notre interrogation, tout peut encore évoluer.
RépondreSupprimerC'est tout à votre honneur, au moins vous allez au bout de vos principes, ici nous sommes plutôt "faites ce que je dis pas ce que je fais" et je le déplore, prof dans le public les deux sont scolarisés en privé... J'admire cette honnêteté intellectuelle, de bien belles valeurs transmises à votre grand garçon.
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