Je ne suis pas une groupie, je n’aime pas forcément pleurer les artistes qui nous quittent car nous avons déjà bien assez de proches qui disparaissent pour ne pas tomber dans l’excès de pleurer des gens qu’on ne connaissait qu’à travers le prisme de leur œuvre.
Alors ce ne sera pas ici un texte larmoyant, ce serait
déplacé vis-à-vis de sa famille et de ceux qui l’ont vraiment connu mais plutôt
l’envie de raconter pourquoi j’ai aimé France Gall et pourquoi j’avais envie d’en
parler ici.
France Gall avait l’âge de mes parents qui l’ont vu grandir
en même temps qu’eux, l’une de ces idoles iconiques des Yéyé qui évoquaient ce
vent de liberté de leur jeunesse.
Je ne l’ai pas connue de cette manière. France Gall est rentrée
dans ma vie par son engagement en faveur de l’Afrique.
Je me souviens de la fin des années 80 où un vent de solidarité
semblait traverser la France : les Restos du cœur de Coluche, SOS Racisme
et la famine en Afrique.
En primaire, nous découvrions avec horreur les petits
africains aux ventres gonflés, aux yeux vides, des petits comme nous et
pourtant si différents. On nous demandait alors de rapporter des sacs de riz et
je me souviens d’une mobilisation sans faille. Il y avait beaucoup d’entrain, l’envie
d’aider. On ne posait même pas la question de la manipulation, personne ne
disait « Oui bah je ne le ferai pas car on est déjà bien assez malheureux
en France comme ça »… Non la mobilisation venait de partout toutes
confessions confondues au rythme de la chanson pour l’Afrique, Ethiopie, ou de
Usa for Africa.
Michel Berger ou France Gall était le couple emblématique
de cette période, sorte de forces tranquilles habités par leur projet.
France Gall, je l’ai connue avec Babacar et Ella elle l’a. J’ai
aimé sa beauté blonde et dynamique, j’ai aimé son timbre de voix et son sens du
rythme, j’ai aimé son énergie. Avec elle, j’ai découvert la musicalité qui m’a éloigné
des chansons pour enfants qui me berçaient jusqu’alors.
Malgré sa blondeur diaphane, elle n’a jamais été une de ses femmes qui nous touchent par
sa douceur, une de ses femmes qu’on avait envie de protéger mais plutôt une
battante, l’emblème de la femme moderne, faisant toujours front.
Il faut dire qu’elle a tourné les têtes de tous les hommes
qu’elle a côtoyés, qu’elle n’avait pas sa langue dans sa poche. Sa voix si
frêle et cristalline quand elle chantait se révélait cassante et dure quand
elle parlait. Elle ne cherchait pas à gagner la sympathie mais plutôt le
respect, l’envie d’exister par elle-même.
Et elle y a parfaitement réussi car elle n’a jamais quitté
le cœur des gens qu’elle a touchés.
Ses chansons tout comme sa vie ont été marquées par le sceau du vrai et c'est sans doute cela qui a touché autant.
Ses chansons tout comme sa vie ont été marquées par le sceau du vrai et c'est sans doute cela qui a touché autant.
Il ne s’est pas passé une journée depuis cette période où je
n’ai fredonné une chanson de France Gall.
Les jours où j’étais un peu déprimée, « Si maman si »
s’installait dans ma tête. C’est une des chansons les plus tristes que je
connaisse.
Pour me donner la pêche et parce que le message est fort, « Résiste »
ou « Débranche »
Parce que je la trouve si joyeuse et si optimiste, « Il
jouait du piano debout »
Parce que je suis nostalgique et que j’aime me souvenir du
passé, « Evidemment »
Parce qu’elles ont accompagnés mon enfance « Ella elle
l’a » et « Babacar »
Parce que c’est une des plus jolies chansons d’amour, « La
déclaration d’amour », échange fabuleux entre un couple mythique.
Et toutes les autres car je pense en connaître la plupart.
Ce qui est marrant aussi c’est que les chansons de France Gall
ont séduit mes enfants, notamment mon fils qui est très mélomane. Il a
découvert la chanson « Il jouait du piano debout » à la radio et il a
été tout de suite marqué alors qu’il avait peut-être 4 ou 5 ans. Il a ressenti
cette même sympathie pour les chansons de Mickael Jackson ou certaines de
Balavoine. Les enfants ne se trompent
pas : encore au cœur de leurs instincts, ils sont touchés par la sincérité
des interprètes ou par la profondeur de la musique.
Finalement nous sommes tristes de voir disparaître un
artiste que nous avons aimé mais leur vrai pouvoir est celui de ne jamais
disparaître vraiment puisque nous les avons aimés à travers leurs chansons et
que celles-ci restent. Et qu’on peut les
revoir ou les écouter de nouveau et se replonger dans nos propres moments de
vie qui eux disparaîtront avec nous…
Quand je revois la France Gall de Babacar, je revois la
petite fille de 8/10 ans qui écoutait sur son tourne-disque et en CD les chansons
de la star en essayant d’en comprendre les paroles, en fredonnant des paroles
au pouvoir insoupçonné et en découvrant la force d’une musique ou d’un texte.
Elle a accompagné directement ou indirectement certains
moments de ma vie et continuera à le faire.
J'ai furtivement rencontré France Gall et Michel Berger, nez à nez au passage d'une porte de parking à Orly Sud. C'était il y a plus de 30 ans. Je garde le souvenir d'un échange de sourires très sympathique.
RépondreSupprimerPapito