37 semaines de toi

37 semaines, c’était le délai que je devais tenir pour toi.

37 semaines c’est commencer le 9 ème mois.

Tu ne devais pas arriver avant car tu es un peu petit d’après les médecins.

Alors pour toi, j’ai levé le pied, ai choisi de beaucoup me reposer, ai veillé à ne pas trop m’agiter et puis on t’a parlé avec ton papa et tes frère et sœur.

37 semaines de toi et tu es encore là bien au chaud, prêt à profiter des derniers jours dans ta bulle.

Bravo bébé, tu es déjà très fort puisque tu as tenu jusque-là.

C’est la première fois que l’on m’a demandé de lever le pied pour une grossesse et ces dernières semaines m’ont parue plus étranges, à la fois très longues et très courtes.

Chaque jour de gagné était une petite victoire et toutes les nuits je me suis réveillée avec cette peur que tu arrives avant…

Cela n’aurait pas été catastrophique, nous étions quand même loin de la prématurité mais tout de même cela n’aurait pas été sans conséquence… Tu aurais peut-être été en couveuse, séparé de nous, plus faible ou plus petit. Une naissance n’est pas un acte anodin et il t’aurait fallu te battre un peu plus que tes frère et sœur pour venir au monde.

On aurait tous été là pour toi mais finalement tu as tenu car tu sais que nous sommes là à t’attendre.

De ces 37 semaines déjà écoulées, je peux retenir :

Que les premiers mois ont semblé passer au ralenti, mon ventre s’est arrondi au fur et à mesure, je n’ai pas pris beaucoup de poids et j’ai mis un peu de temps à concrétiser ta venue.

Que j’ai eu plein de petits maux de grossesse, entre nausées et fatigue au début, puis brulures chroniques de l’œsophage, microbiote altéré et mal de dos constant. Ce mal de dos ne me lâche pas et me rappelle chaque jour que j’ai un peu vieilli depuis ma dernière grossesse. Je suis beaucoup plus fatiguée mais je me peux aussi bien plus me reposer en t’attendant.

Que cette grossesse a été un peu plus « médicalisée » que les précédentes entre prise de sang pour détecter les éventuelles trisomies (conséquence de mon âge), les échographies pour être sûr que tu ne sois pas trop petit, les prises de certains médicaments… C’était la première fois qu’un gynécologue obstétricien me suivait et j’ai trouvé cela différent. Avec une sage-femme, tu as tendance à plus facilement te confier, tu lui remets ton corps avec une confiance absolue. Avec un homme et un médecin, même très bienveillant, il reste une certaine distance… La maternité est plus un monde de femme. Mon suivi de grossesse a été très rationnel, très professionnel mais peut être un peu moins personnel…

Que j’ai aimé être enceinte de nouveau même si les quatre dernières semaines ont été plus dures. Je sais que ce n’est pas fini et que jusqu’au bout, mon ventre va grossir, mes déplacements vont être plus compliqués, que tu vas te faire sentir surtout la nuit. Mais finalement, ce que j’aime dans cette fin de grossesse c’est cette sensation que tu es bien présent, pratiquement fait tel que tu vas sortir… Tu es le petit frère ou la petite sœur tant attendu qui va venir déployer ses ailes d’un jour à l’autre.

Ce que j’ai préféré dans cette troisième grossesse ?

Et bien c’est la partager avec ton papa, ton frère et ta sœur !

Pour le premier, nous sommes un couple au sein d’une famille. En tant que premier bébé, il est le centre d’intérêt des parents ou des grands parents. En plus, si comme moi, vous êtes l’ainée, il est certain que tous les regards sont posés sur ce bébé à venir. C’est un événement, une grossesse qui se vit en collectivité. Et quand bébé est là, c’est un chamboulement que personne n’avait autant anticipé.

Pour le deuxième, c’est plus un cocon entre nous et le premier né. La famille se réjouit de voir la vôtre s’agrandir mais il n’y a pas un engouement aussi prononcé que pour le premier né. On devient une famille selon le schéma traditionnel de nos sociétés. Et puis quand bébé est là, ça roule. On trouve cela tellement simple par rapport au premier ! Les miens ont 2 ans et demi d’écart : mon fils ne se rappelle pas de sa sœur bébé et celle-ci voit son frère comme son partenaire, sorte de duo inconditionnel et uni.

Mais pour le troisième, surtout si comme nous, il a beaucoup d’écart avec le reste de la fratrie, c’est un véritable engagement au sein de notre équilibre.

J’avais parlé ici du bonheur qu’ils avaient ressenti à l’idée d’être grand frère ou grande sœur et je peux dire que cet engouement n’a pas failli au fur et à mesure des mois. Ils ont été incroyables, remplis de tellement d’amour pour ce bébé à venir que c’est certainement ce dont je me souviendrai le plus pour cette grossesse.

Ton papa et moi avons alterné des moments de grand bonheur et parfois des moments d’angoisse en se demandant si nous avions bien fait, si nous allions être à la hauteur de cette jolie fratrie. Nous nous sommes soudés pour essayer de donner le meilleur de nous-mêmes, l’un épaulant l’autre… Ce bébé nous en rêvions mais nous devions aussi le rendre concret. Et finalement à quelques semaines de la date prévue d’accouchement, nous commençons à vraiment nous rendre compte que tu seras bientôt parmi nous et que nous allons être à nouveau parent !

Pour les enfants, il n’y a pas eu un jour de doute. Ils t’ont aimé dès le premier regard sur mon ventre, tu es devenu le centre de leur monde alors même qu’ils ne te voyaient pas encore. Ils t’ont inventé un surnom, m’ont chouchoutée, je suis presque devenue la maman du bébé et pas seulement leur maman. Ils ont ressenti de la fierté, de l’amour, un sens des responsabilités.  Tous les jours, ils te parlent à travers mon ventre et parfois j’ai l’impression que tu les reconnais car tu te mets à bouger. Ce lien si unique s’est créé avant même qu’ils ne te voient et je trouve cela formidable malgré la différence d’âge. Ils savent que cela va chambouler leur quotidien mais pourtant c’est comme un cadeau précieux qu’ils ont attendu depuis toujours. Je me souviens de ce silence quand ils ont pu assister à la deuxième échographie et découvrir un peu de ce bébé en devenir. Je crois que c’est une expérience qu’ils n’oublieront jamais. Ils ne veulent pas louper votre première rencontre.

37 semaines de toi c’est déjà 37 semaines où tu es là parmi nous.

Tu as déjà une place tellement importante dans nos vies.

Tu as le droit de venir, nous sommes prêts.  Tu as aussi le droit de rester encore un peu au chaud, nous serons là.