Presqu’un an plutôt je vous parlais ici de l’entrée au
collège de mon grand et de notre hésitation entre le privé et le public. Nous
avions finalement écouté notre cœur et choisi le collège public de notre
quartier.
Début septembre notre premier né prenait fièrement le chemin de sa nouvelle vie
de collégien et nous le laissions, non sans un pincement au cœur, faire un pas
de plus vers l’autonomie (à lire ici)
Juin est arrivé et ce soir, il aura fini les cours et
bouclé son année de 6 ème sans qu’on ait vu le temps passer…
Il est clairement devenu un collégien et il ne reste presque
plus de traces du garçon intimidé du début d’année.
Et nous parents avons également franchi une étape.
Etape familiale que j’ai eu envie de partager ici.
Nous ne regrettons pas notre choix de l’enseignement public
même s’il y a eu quelques « loupés » dans l’année.
Je ne veux pas taper ici sur l’éducation nationale mais
relater uniquement des faits et partager notre expérience dans laquelle
certains se reconnaitront peut-être…
Bilan côté enseignants
A la première réunion avec le Principal, nous avions entendu
un discours de bienveillance et de volontariat nous promettant un véritable
encadrement de nos enfants.
A l’issue de ces mois d’école, je peux vous dire qu’il y a
des nuances à apporter dans ces propos.
Encore plus qu’à l’école primaire, il y a très peu de
contacts entre l’équipe pédagogique et les parents. Une fois par trimestre, il
est possible de rencontrer certains professeurs (ceux qui daignent se déplacer)
lors de la remise des bulletins. Comme ils sont tous dispatchés dans des salles
de l’établissement, il est souvent difficile de les voir tous. Et puis après
avoir fait une demi-heure de queue devant la salle du professeur principal qui
a pris du retard dans ses RDV, on n’a plus vraiment envie d’aller plus loin…
Il existe un système de correspondance soit via un message
écrit dans un cahier soit via un système de mail. Si certains professeurs
prennent la peine de répondre, d’autres font comme s’ils n’avaient pas lu…
Je dirais donc que niveau communication entre adultes, c’est
un peu comme dans certains boulots. Il y a ceux qui ont envie de partager et
d’échanger et de faire vivre leur entreprise et il y a ceux qui se lèvent le
matin en ayant le sentiment de vivre dans la routine et en attendant la fin de
la journée…
Cela est particulièrement criant quand on parle de
l’implication des professeurs. Loin de moi l’idée de penser qu’enseigner à des
collégiens est une sinécure… La plupart du temps, ces petits chéris ne savent
même pas pourquoi ils sont là, pensent plus à ce qu’ils vont faire à la récré
et ont du mal à se concentrer plus de 15 minutes. Mais certains professeurs se
distinguent par rapport à d’autres.
Le gros point noir de cette année est clairement l’absentéisme
de certains sans que ceux-ci ne semblent en être inquiétés… Ainsi pendant le
deuxième trimestre, la prof d’Histoire géo venait une semaine puis était
absente durant 2 semaines et comme ça tout le temps. La prof d’allemand était
aussi quasi inexistante. Et évidemment, elles n’étaient pas remplacées… A cela
s’ajoutaient les absences ponctuelles des autres profs. Ce trimestre, le prof
de physique a largement été retenu par d’autres activités ce qui l’a amené à
être souvent absent et la prof de français était une syndicaliste très active
qui manquait aussi régulièrement ses cours…
J’avais attiré l’attention de la principale via la déléguée
de parents d’élèves sur cet absentéisme et il m’avait été répondu que la
hiérarchie était prévenue mais était désarmée face à cela…
Cela m’a mise souvent en colère, j’ai souvent explosé devant
mon fils face à ce manque de sérieux… Et aujourd’hui encore c’est pour moi une
grosse faille dans l’enseignement public.
Pas une semaine sans que mon fils n’ait eu des trous dans
son emploi du temps ou n’ait terminé avant l’heure prévue… Heureusement que
j’ai passé une grande partie de cette année à la maison avec l’arrivée de bébé
car sinon il aurait été souvent livré à lui-même.
Quand les absences étaient
signalées à l’avance, je lui ai toujours fait un bon de sortie car rien n’a
l’école n’était prévu (hormis le foyer) pour accueillir les enfants. Parfois
aussi, en cas d’absence inopinée, il a dû m’appeler pour sortir afin que
j’envoie un mail aux équipes concernées. Et là, je dis merci de lui avoir
fourni un téléphone portable car sinon je n’aurai pu être prévenue.
Au-delà de l’absentéisme, il y a eu aussi la non maitrise de
certains professeurs des outils mis à disposition par l’éducation nationale.
Aujourd’hui il existe un formidable outil pour suivre son enfant : le
système Pronote. Il a ses qualités et ses défauts mais il permet vraiment de
contenir beaucoup d’informations sur la vie au collège.
Pourtant certains
professeurs semblent totalement le boycotter ! Peut être est-ce par manque
de formation ou par snobisme mais tous ne semblent pas vouloir utiliser
Pronote. Cela est un peu déconcertant quand il s’agit notamment des devoirs car
certains ne mettent les devoirs que sur Pronote, d’autres font carrément des
devoirs en ligne alors que beaucoup utilisent le bon vieux cahier de texte.
Cependant, comme toujours nous ne sommes pas prévenus des pratiques de chacun
et c’est à nous parents de découvrir ! Le début de l’année a été un peu chaotique
de ce fait mais petit à petit nous avons pris l’habitude d’utiliser l’ancienne
et la nouvelle méthode.
A l’inverse de ce tableau noir, il y a eu des professeurs
vraiment supers qui ont proposé aux enfants un apprentissage de
qualité. A cet âge, les enfants fonctionnent encore beaucoup à l’affect et il
est vrai qu’ils vont souvent préférer les matières où le professeur est
« sympa ». J’ai essayé d’expliquer à mon fils qu’il devait aller
au-delà de ses sentiments et s’intéresser à la matière avant tout. Il a eu la
chance d’avoir une excellente prof d’anglais et il a appris beaucoup.
Ainsi, du côté des professeurs, rien de nouveau par rapport
aux souvenirs que j’avais du collège. Certains sont tellement investis qu’ils
proposent aux enfants des expériences extraordinaires et font partie de ceux
qui donnent envie de réussir. Mais par contre, j’ai trouvé qu’il y avait
beaucoup plus d’absentéisme qu’à mon époque… Est-ce le signe que le système
public s’est dégradé ? Je ne peux trancher juste avec cette première
année.
Le bilan côté enseignements et acquisitions
Le collège est un lieu où l’enfant apprend à être plus
mature, plus autonome et se familiarise avec les enseignements qui pourront lui
servir quand il s’agira de choisir une orientation.
Dans notre collège, dont le niveau est jugé comme assez
moyen selon la plupart des classements, il faut clairement choisir des voies
d’excellence. L’un des moyens de se distinguer passe par la classe bilangue en
6 ème. Nous avons eu la chance que notre fils soit retenu pour faire cette
classe anglais et allemand et nous n’avons pas eu à regretter notre choix. Le
niveau général de la classe était assez bon et notre fils a acquis un bon
niveau en langues.
A tel point qu’il a postulé pour intégrer une classe
européenne l’an prochain, classe dans laquelle il pourra acquérir un niveau
d’anglais plus important. Ils étaient 48 à se présenter pour 20 places toutes 6
ème confondues. Il a passé un oral et à l’issue il a été retenu ! Nous
étions très fiers de lui et je pense qu’il arrivera en principe à la fin de sa
troisième avec un bon niveau en anglais.
Pour les maths et le français, on peut dire que le programme
a bien été suivi. Pour les maths, il a plutôt un bon niveau. Concernant le
français, il a découvert les explications de texte, les dissertations… Au début
il était très dérouté par cela et réclamait de faire de la grammaire et de la
conjugaison. Mais à la fin de l’année, il a mieux intégré ce qu’était
l’enseignement du français. Je l’ai beaucoup aidé (tout comme son papa l’a aidé
en mathématiques) et j’ai clairement vu une évolution dans son travail. Il
s’exprime mieux, est moins brouillon, fait moins de fautes d’orthographe…
Certains enseignements m’ont plus déroutée… Ainsi le
professeur de physique a pris clairement ses distances avec le programme
officiel les plongeant dans la physique quantique et dans l’aérospatial dès le
premier trimestre… Nous avons passé des dimanches à nous arracher les cheveux
tant les exercices semblaient hors de portée… Puis nous avons compris que ce
qu’attendait le prof finalement n’était pas tant le résultat qu’une certaine
ouverture d’esprit. Quoiqu’il en soit la physique enseignée en 2018 est bien
loin de celle enseignée en 1990.
En histoire géo, la prof a cru enseigner à des lycéens ne
leur proposant que des cours magistraux. Alors mon grand bonhomme est revenu
souvent avec trois lignes de cours me disant qu’en classe ils n’avaient fait
que parler… La prof étant une adepte des contrôles surprise, il a eu quelques
déconvenues. J’ai mis du temps à comprendre que son cours écrit ne suffisait
pas et qu’il devait enrichir celui-ci pour avoir des bonnes notes. Là encore,
nous avons pris le temps de travailler et les résultats ont fini par être là.
Il n’y a pas de mode d’emploi mais ce que je peux dire c’est
qu’au collège, il est fondamental de travailler avec son enfant car sinon il
lui est difficile de comprendre tous les modes de fonctionnement des
professeurs… Les devoirs peuvent parfois prendre beaucoup de temps. Nous avons
eu parfois des moments de tension, pour certains exercices il a fallu puiser
dans nos souvenirs. D’autres fois, c’était plutôt sympa de se replonger dans
certaines matières…
Il aborde la 5 eme avec de nouvelles acquisitions, une
meilleure compréhension de ce qu’est le travail au collège mais encore beaucoup
à gagner en maturité. Nous sommes fiers de son parcours car il a su rester
sérieux. Certaines matières ne lui plaisent pas vraiment, parfois ce sont des
parties du programme qui l’ont un peu rebuté. Il s’affirme et s’accroche.
Le bilan : un petit garçon devenu grand ?
On peut le dire, le collège ça vous transforme un petit
garçon ! Un peu gauche au début de l’année, il a vite évolué pour devenir
un parfait collégien.
Il est arrivé en parlant de maitresse, il utilise aujourd’hui
sans faillir le mot « prof ». Tout le vocabulaire du collégien a été
assimilé et il pourrait écrire un manuel. Il y a évidemment le bon côté enrichi
par ses heures de français et puis le mauvais avec des expressions de son âge
qu’on préfère ne pas connaître…
On se prend un coup de vieux avec un collégien car il nous
fait vite oublier qu’on a été à sa place quelques années auparavant. On est
clairement souvent taxé de ringards, il imagine que la plupart du temps on ne
comprend rien à ce qu’il vit, qu’il est le seul à ressentir certains sentiments… Mais il ne sait pas qu'on n'apprend pas aux vieux singes à faire la grimace.
J'ai eu la sensation de passer un cap dans le monde des adultes car plus
il se rapproche du monde des ados et plus je m’en éloigne…
Nous avons eu un florilège de petites bêtises allant du
simple oubli de devoirs ou de cahiers, à l’abandon du sac de piscine sur un
banc, la baignade à ladite piscine en caleçon.
Il y a eu des grosses bêtises
avec une petite période de mensonges sur les résultats scolaires. A la
naissance de notre petite L., notre grand garçon s’est peut-être senti un peu
délaissé ou bien a eu une période de stress qui lui a fait louper une série de
contrôles. Il n’a pas voulu nous le dire et a inventé des histoires sur ses
profs : des faux contrôles surprises, des notes (mauvaises) dont il ne
savait pas à quoi cela pouvait correspondre… On a aussi eu le droit à « je
fais semblant d’y aller mais en fait je n’y vais pas » : c’est-à-dire
qu’au lieu d’aller à la guitare un soir, il a préféré jouer au foot… mais c’était
sans compter sur le professeur de guitare qui,inquiet, nous a appelés pour nous
prévenir de son absence. Quelle ne fut pas sa déconvenue quand il est rentré
comme une fleur de voir notre réaction…
Nous avons souvent été amusés par ses petites incartades mais
par contre nous avons été très en colère quand il nous a menti sur ses notes à
plusieurs reprises. Nous lui avons fait une vraie leçon sur le mensonge, ennemi
de toute relation saine.
Au collège, il est important de maintenir le lien même
lorsqu’on ne partage pas toutes les passions et tous les goûts de son enfant. Il
aime le foot, nous nous y intéressons. Il a envie d’aller chez un ami pour
jouer, nous l’y autorisons s’il a fait ses devoirs. Il veut manger au Burger
king le mercredi avec ses copains, il le peut de temps à autre à condition de
toujours nous dire où il est.
Il faut apprendre à marcher sur un fil qui ne doit jamais se rompre, le fil de
la confiance.
Il part et rentre seul de l’école, il a son argent de poche,
son téléphone. Il a un compte Instagram privé et depuis peu son Snapchat. Mais nous
suivons tout ce qu’il fait sans pour autant le contrôler.
Il y a eu cette fois où alors qu'il était censé dormir, il a lancé sur la télé du salon (alors même que nous la regardions) la chaine youtube via un partage de connexion depuis son téléphone. Nous avons pris cela à la
rigolade tout en confisquant son téléphone…
Il doit encore progresser dans son autonomie mais en même
temps il est bon de voir ses progrès.
Il est évidemment très autocentré et nous devons parfois lui rappeler notre existence. C'est ce qui est le plus compliqué avec un ado je trouve : faire de lui une personne empathique et à l'écoute des autres.
Il est plein de rêves et d’envie, ce qui est bon signe à cet
âge et c’est notre rôle de l’aider à faire grandir ses rêves.
Il s'est bien intégré, a des chouettes copains. il n' y a eu aucun problème de violence ou de harcèlement à déplorer...
Nous ne regrettons pas notre choix de l’enseignement public.
L’année de 6 ème est de toutes façons un tournant dans la vie des enfants et
des parents. Mais elle ne déroge pas à la relation parent-enfant fondée sur la
confiance et l’accompagnement.
L’autre jour, quelqu’un disait que le parent est l’arc et que les enfants sont
les flèches. J’aime bien cette métaphore sur laquelle je vous laisse méditer.
Bon courage aux parents dont les enfants entrent en 6ème
à la rentrée prochaine et à ceux dont les enfants terminent cette semaine avec
cette première année dans la cour des grands.