Les ateliers Parentaux

lundi 24 septembre 2018

Good mom, good job !



J’ai toujours su que je voulais des enfants.

J’ai aussi toujours su que je voulais travailler, avoir un métier dans lequel je m’épanouirais.

J’ai toujours su que l’un n’irait pas sans l’autre.

Pourtant comme de nombreuses femmes de ma génération, il n’a pas toujours été aisé de concilier ma vie de maman  et ma vie professionnelle.

Comme beaucoup, j’ai fait des longues études afin d’avoir un boulot qui me plairait mais comme beaucoup j’ai eu du mal à me placer sur le marché du travail.

A 28 ans, j’ai commencé à travailler mais ce n’est qu’à partir de 34 ans que j’ai commencé à m’épanouir professionnellement.

Mon premier enfant a été placé chez une nourrice à 3 mois et demi et au bout de quelques mois de ce système, j’ai choisi de démissionner. D’abord parce que nous n’étions pas satisfait de notre nounou, ensuite parce que faire garder un enfant à Paris est très compliqué et enfin parce que ma carrière me prenait trop de temps pour un emploi peu épanouissant. J’ai enchainé avec les emplois précaires, je suis retombée enceinte, j’ai encore (beaucoup) galéré vivant parfois avec à peine 600 € par mois de revenus personnels…

Mais cela m’a permis de réfléchir à ce que je voulais et à ce que je ne voulais pas. Ma carrière n’avait pas vraiment pris le chemin dont j’avais rêvé, je m’étais révélée dans mon rôle de mère mais je voulais aussi gagner ma vie et avoir un travail.

J’ai pris du temps, certains de mes proches m’ont soutenue (mon mari ou ma maman notamment), d’autres n’ont pas forcément compris où je voulais en venir mais petit à petit j’ai construit mon chemin. J’ai forcé ma chance, rencontré des personnes qui m’ont faites confiance, je me suis affirmée, j’ai revu mes orientations et essayé de me remettre en question. 

Le monde n’était pas exactement comme je l’aurai espéré mais j’avais aussi à faire des choix, à admettre des erreurs de parcours.

Ainsi j’ai compris que je voulais garder mes mercredis avec eux et être cette maman du mercredi dont je vous avais parlé.

J’ai choisi d’exercer une activité indépendante qui me procure un équilibre nécessaire, je suis donc devenue instructrice en massage bébé.

J’ai aussi compris que je ne pourrais pas en vivre et quand on m’a proposé d’intégrer Parole de mamans quelques jours par semaine, j’ai accepté ce travail salarié dans un univers bien différent de celui dans lequel j’aurais pensé évoluer…  On m’a fait confiance et j’ai parfois soulevé des montagnes pour atteindre ce que je suis.


Mais chacun des chemins qui se sont offerts à moi m’ont procuré beaucoup de plaisir et c’est ainsi que j’ai construit mon équilibre entre une vie perso et une vie pro.

Aujourd’hui à 41 ans, j’ai trois enfants dont un bébé, je suis avec eux le mercredi, je suis instructrice en massage bébé certains jours par semaine et j’ai un métier où j’ai des responsabilités alors même que je n’y suis que 3 jours par semaine avec en plus des horaires aménagés !

Mais cette semaine j’ai encore lu des témoignages effroyables sur le monde du travail et particulièrement sur ce qu’il offre aux femmes qui veulent être mamans et travailler.

Tout est parti d’une story suivie d’un post sur Instagram et d’un article de Paule du blog By Paulette qui enchaine les contrats précaires et qui a beaucoup de mal à trouver un emploi dans son domaine (elle est directrice de clientèle dans la communication) car elle doit partir à 18h pour aller chercher ses enfants.

Elle ne demande pas ses mercredis, elle ne demande pas un-mi-temps, elle ne demande même pas d’arriver à 10h comme la plupart de ses collègues sans enfants… Non elle demande juste de faire ses horaires et de pouvoir quitter son emploi à un horaire .

raisonnable car elle veut s’occuper de ses enfants le soir, prendre à cœur son rôle de mère de la même manière qu’elle prendra à cœur sa place dans l’entreprise.

Et je vous avoue que cela m’a touchée de voir qu’en 2018 alors que beaucoup de catégories de personnes ont obtenu des droits parfois bien plus controversés, il y ait encore des employeurs qui pratiquent la culture du « présentéisme ».

Ce n’est pas nouveau dans notre pays qui a longtemps relégué les femmes au second rang en leur proposant d’abord de rester au foyer puis ensuite d’accéder au marché de l’emploi selon des règles basées sur la compétition et l’entre soi… Et on a évidemment donné le droit de travailler aux femmes à condition qu’elles restent de bonnes mères…

C’est ainsi que ces messieurs avaient pris l’habitude de travailler tard. Cela faisait tellement bien de partir aux aurores, de ne pas rentrer avant 20h et de se mettre les pieds sous la table… Attention si beaucoup étaient des bêtes de travail, il y avait aussi pendant des années une véritable culture de la présence en entreprise entre réunions interminables, déjeuners débonnaires de 3 h et éventuellement petit 5 à 7 avec la secrétaire au passage…

Ce monde que l’on veut nous imposer est pourtant aujourd’hui totalement obsolète : les hommes veulent plus participer à l’éducation de leurs enfants, les femmes ont envie de choisir, les petits jeunes arrivent souvent à 10h, font plus de pauses que leurs aînés et partent aussi bien à 20h qu’à 17h…

Le monde est en mouvement et il ne faut pas juger la quantité mais la qualité. On ne peut pas discriminer quelqu’un pour sa culture, sa couleur de peau ou son origine alors pourquoi le faire   parce qu’elle doit partir à 18h récupérer ses enfants ?

Il faut évoluer et se rendre compte qu’on ne juge pas l’efficacité d’une personne à ce genre de critères…

Les mentalités changent dans le public mais elles restent figées chez les Manager…
Je n’aurais jamais pu arriver à aménager mes horaires et à avoir pourtant des responsabilités si je n’avais pas un employeur qui avait une vision  moderne du monde. Notre relation est basée sur la confiance mutuelle.

Et à mesure que le temps passe, nous savons que nous avons eu raison de fonctionner ainsi. Il n’est pas honteux de partir à 18h ou plus tôt si on est investi dans son travail… Je ne claque pas la porte de mon bureau en négligeant mes dossiers quand je pars le mardi soir par exemple… Je sais tenir les délais s’il le faut, je ne délaisse aucun projet, ne suis pas en retard sur les timings. Je sais que j’ai à faire quand j’ai à le  faire… J’ai une petite équipe et on travaille en synergie. Même quand je ne suis pas là, elles savent qu’elles peuvent compter sur moi.

Je suis revenue de congé maternité il y a 3 semaines et j’ai retrouvé mon poste, mon rythme de travail et on m’a même confiée de nouveaux projets !

Un peu comme on choisit d’être maitresse de son corps avec notamment le #metoo, j’aimerais que les femmes (et les hommes) puissent choisir d’être maitres de leur travail… Il faut dépoussiérer les vieux schémas, faire confiance aux parents qui veulent travailler et bien s’occuper de leurs enfants.

La mère qui veut rentrer à 18h ne se tournera pas les pouces en rentrant chez elle, elle prépare souvent l’avenir du monde (et le diner aussi !).

Et puis il est de notoriété publique que la mère qui part plus tôt chercher ses enfants est souvent un élément central de son entreprise car elle est organisée, travailleuse et épanouie finalement.

Est-ce que les compétences, l’envie de faire bien son travail, l’enthousiasme, la créativité, la particularité de chacun ne devraient pas être les seuls éléments à prendre en compte dans une embauche et non pas l’âge, la couleur de peau, le fait qu’on habite en banlieue, le sexe ou le fait qu’on doive partir à 18h ?

Je suis convaincue que pour être riche et performante une entreprise ne doit seulement mettre à disposition de ses employés des infrastructures, des salles de sports, des ordis mais plutôt tenir compte des personnalités de chacun de ses employés et ainsi adapter sa façon de fonctionner…

Plutôt que d’avoir des gens qui fonctionnent tous selon un même moule, il faut privilégier l’humain…

Un peu comme le #metoo on pourrait lancer un #worktoo

Bonne chance à Paule dans sa recherche d’emploi !







 




7 commentaires:

  1. C'est un débat particulièrement intéressant, qui mérite effectivement d'être bien plus mis en lumière. Oui, on peut être productive avec des enfants, et même en dehors des horaires "classiques" - mieux vaut d'ailleurs travailler moins d'heures, mais mieux, avec une motivation accrue parce qu'on travaille justement parce qu'on a envie de s'épanouir professionnellement, que d'accumuler des heures inutiles à boire des cafés ou assister à des réunions vides de sens, pour s'afficher. L'essentiel à la fin est bien que le boulot soit fait - laissons aux femmes (mamans) le soin de le prouver, quelque soit leur organisation, et ne les jugeons que là dessus... Malheureusement je crois que si les choses s'améliorent peu à peu, ce combat prendra encore du temps. Mais ton coup de gueule aidera, à sa petite échelle, alors merci!

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  2. Bravo pour ce billet :-) j'ajouterais juste un petit mot sur la nécessité du partage des tâches et de la charge mentale parce qu'on a aussi le droit de ne pas être Wonder Woman ^^

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  3. Le dilemme du travail, j'en parle justement dans mon billet d'aujourd'hui. La maternité change tout sauf nos compétences. Difficile de tous concilié mais j'y crois #worktoo

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  4. On peut espérer que les tâches soient mieux partagées, aujourd'hui, au sein des couples. Le doute existe, car l'homme (le mâle) reste longtemps un enfant tourné vers ses passions, ses "petites" souffrances, son miroir de Psyché.

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  5. Mais tellement tellement ! Si tu savais à quel point ça me parle en ce moment. J’en peux tellement plus du management has been où on te flique comme si tu avais 5 ans, où on te colle des réunions jusqu’à plus de 18h pour te faire chier (et le pire c’est que c’est souvent fait par des femmes), où on t’accorde tes mercredis mais on te le fait payer autrement. Fuck quoi. 2018 les gars, 2018 !

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  6. Tellement juste ce billet. Merci beaucoup ! J'ajouterai aussi que nous n'avons pas besoin de babyfoot. Très tendance en ce moment dans les offres d'emploi ... Nous voulons juste des entreprises qui comprennent notre volonté de partir plus tôt, sans bien sûr négliger notre travail. Arrêtons de faire du présentéisme !
    #worktoo

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  7. Beaucoup de femmes sont confrontées à cette situation. Cela est aussi parfois le cas d'hommes qui assument de récupérer les enfants (entre autre). Il faut aussi penser à toutes les personnes (essentiellement des femmes) qui élèvent seules leurs enfants. Elles sont encore plus souvent obligées d'accepter des postes avec moins de responsabilités.

    Papito

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