Les ateliers Parentaux

lundi 12 novembre 2018

Doit-on inculquer le goût de la compétition à ses enfants ?



Dans notre monde moderne, le goût pour la compétition est une valeur. On encourage les enfants dès leur plus jeune âge à se mesurer entre eux, se comparer, se défier, se dépasser, faire mieux que l’autre…. Toutes sortes de qualificatifs qu’on a tendance à grouper sous le terme de « compétition ». Aucun milieu social, aucun sport ou activité ne semble échapper à cette injonction et pour beaucoup de parents c’est même une notion qu’ils ont envie d’inculquer à leurs enfants.

Tout est organisé pour que les enfants développent leur compétitivité d’ailleurs : peu de sports sont proposés sans que les enfants ne doivent passer par cette étape, beaucoup d’émissions de TV qu’ils adorent sont basées sur l’idée de compétition (The Voice, The Voice Kids, DALS…). A la maison, il n’est pas rare qu’ils entendent que dans la vie, il faut bien travailler, tout faire pour être le premier. A l’école, l’esprit de compétition est également omniprésent mais il est souvent interdit de le dire tout haut. S’il est vrai que les enseignements actuels tentent de minimiser cette notion, parfois lourde à supporter par les enfants, beaucoup de discours notamment dans le Supérieur vont dans le sens contraire. C’est la course aux bons collèges puis aux bons lycées, l’obligation d’excellence, le nombre de places limitées dans telle ou telle section…

Même les loisirs n’y échappent pas avec par exemple les écoles de ski où les parents s’empressent d’inscrire leurs enfants à la conquête de chamois et autres flèches !

La compétitivité est un mode de vie, a « way of life » dans notre monde qui en dit long sur ce que nous sommes et nous voulons dans un avenir commun. « Nés pour gagner », « être le meilleur », « être le premier », tout un vocabulaire qui est attaché à la notion de compétition et qu’on trouve facilement dans les publicités, à la télévision ou sur les réseaux sociaux...

C’est un sujet que j’avais envie d’aborder depuis longtemps mais je n’avais pas trouvé encore le temps ou le prétexte…

Et puis mardi matin, notre fils ainé qui est par ailleurs très sportif avait un cross au collège. Il nous l’a dit sans mettre de forme, il avait envie de gagner ! Il a étudié le trajet, identifié ses éventuels adversaires, choisi un petit déjeuner adapté… Bref il s’est préparé comme un champion avec toute la concentration qui va avec et… il a gagné ! Car notre fils est comme ça, un genre de force tranquille qui aborde la compétition comme certains vont acheter le pain !

Pour être très honnête, nous avons un regard très critique sur la notion de compétition car elle est souvent dans la réalité assez violente. Combien de parents ai-je vu pousser leurs enfants pour qu’ils gagnent au point d’en oublier la notion de plaisir ? Combien d’enfants ont très tôt la volonté de se mesurer à l’autre… La compétition se fait rarement dans la sérénité. 

J’ai toujours détesté la compétition enfant surtout dans le sport. J’ai fait de la gymnastique et j’avais un certain niveau mais j’ai arrêté quand il a fallu que j’aille faire des compétitions. Mon professeur avait beau m’encourager, je trouvais toujours des excuses pour éviter cette échéance… Cela était valable pour toutes les activités où je devais me mesurer à un autre… la fuite plutôt que la confrontation, s’effacer plutôt que de devoir éliminer l’autre. Car chez moi, ce n’était pas le fait de me dépasser ou de produire de l’excellence qui était un problème mais bien plutôt un handicap lié à une extrême empathie pour l’autre… Pourquoi est-ce que pour gagner, il faudrait que l’un perde ? Je pense que je ne tiendrais pas plus de 2 jours à Koh Lantha (sorte de sacrifiée sur l’autel de la gagne) !

 Par contre, j’ai toujours été très à l’aise pour parler en public, présenter des oraux… Je crois qu’être seule face à moi-même est plus facile.

Mon mari a une vision beaucoup plus macro de la chose : il excelle dans beaucoup de domaines mais ne ressent pas le besoin de se confronter à l’autre… Pourtant il encourage parfois nos enfants à se confronter à l’autre dans le cadre de compétitions organisées et cadrées. Il les soutient et les coache non pas seulement pour qu’ils gagnent mais surtout pour qu’ils s’appliquent à faire de leur mieux tout en apprenant.

Comme je vous l’ai dit, notre fils est très serein face à un challenge surtout quand il pense avoir ses chances. Je pense qu’au fond, c’est le plus compétiteur de la famille mais sans pour autant se revendiquer comme tel. Quand il a décidé qu’il avait son avantage, il peut déployer concentration et  énergie et nous épater ! C’est d’ailleurs un enfant qui nous ramène souvent des médailles ou qui reçoit des compliments sur ce qu’il fait.  Il a compris que parfois si on veut sortir du lot, il faut un peu se dépasser… Pour autant, je ne crois pas qu’il soit animé par la volonté de gagner sur l’autre. Il fait du karaté depuis qu’il est tout petit et je pense que ce sport de combat lui a appris à comprendre qu’on peut gagner une fois et perdre l’autre. Il a des clés de compréhension que seuls les pratiquants d’arts martiaux peuvent comprendre.

 Quant à notre fille ainée, elle est très scolaire, elle aime bien réussir. Elle déteste perdre aux jeux par exemple. Il est important pour elle de se distinguer, de faire de son mieux mais elle place son sens de la compétition dans ce qu’elle a choisi.

Alors même que nous ne sommes pas des accros à la compet, nos enfants ne sont pas réticents à se mesurer à l’autre mais cela ne les obsède pas… Et en tant que parents, nous avons dû prendre position sur ce sujet : leur apprendre à se faire une place sans pour autant écraser l’autre, leur expliquer notre position tout en respectant la leur.

Nous les accompagnons avec bienveillance, leur apportons notre soutien total lorsque l’envie de compétition les saisit mais notre discours est assez clair.

La compétition doit être une affaire personnelle et surtout ne pas être une réussite du parent par procuration. Dans le sport surtout, il n’est pas rare de voir des parents revivre leurs propres espoirs et cela peut vraiment être dangereux pour l’enfant…

La notion de compétition est tellement complexe que je préfère parler aux enfants de dépassement de soi et de plaisir de bien faire.

Ne pas en avoir peur, ne pas l’aduler, ne pas en faire un but mais plutôt un moyen.
Rester loyal, rester humble , s’aimer pour aimer l’autre…




3 commentaires:

  1. La question de la compétition est un peu particulière chez nous car tout le monde passe son temps à comparer nos jumeaux entre eux. Le plus dur étant de leur apprendre à ne pas répondre à ce genre de questions sans intérêt autre qu'une curiosité inutile.

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  2. Du coup la réponse est non?
    En tant que parents en tout cas. Mais inconsciemment, notre comportement déteint sur nos enfants...
    Je crois que la famille joue un rôle énorme.
    Nous ne sommes pas des gagneurs, et nos filles suivent le même chemin.
    Elles s'épanouissent différemment, bien qu'avec le mode de fonctionnement du système scolaire et de la société en général, on est obligés de s'y frotter!
    Bisous,
    Marion

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  3. La compétition a ses limites et repose en particulier sur la morale et aussi la culture dans laquelle on évolue. Il me parait plus important de préparer les enfants à la confrontation à travers, le débat, la construction d'argumentaire. Cela ne va pas sans une mise en œuvre de la communication personnelle et de l'émancipation.

    Papito.

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