Les ateliers Parentaux

lundi 4 mars 2019

« Le Moi des Demoiselles »


Il suffit parfois d’une chanson pour faire ressurgir dans notre conscience des moments oubliés.

Une chanson et c’est toute une époque qui revient, une période de ma vie qui bien que brève a laissé une empreinte indélébile dans ma mémoire. 

C’est une période d’insouciance, de découvertes, celle de la transition entre le monde de l’enfance et l’adolescence, à savoir mes années collège ou ces quelques années entre 12 et 16 ans qui comptent parfois tellement dans une vie.


A cette période, j’avais l’impression que l’éternité était devant moi et que le meilleur était à venir. En même temps, j’étais comme tous les adolescents parfaitement ancrée dans mon présent. Une période où plus qu’à aucun autre moment de ma vie, j’ai été à l’écoute de mes sensations et de mon souffle vital tout en ayant parfois la sensation d’être cet observateur d’une jeune fille qui se construit. J'étais parfois cette autre qui marchait à côté de cette adolescente, à la fois présente et extérieure.

Une période que j’ai eu besoin de consigner dans un journal intime qui pendant plusieurs années m’a permis de mettre des mots sur ce que je vivais. C’est la seule période dans ma vie où j’ai écrit de manière si régulière. Tous les jours, j’avais besoin de relater ce que j’avais vécu dans la journée, d’y confier mes secrets, mes doutes, mes rêves…  Il a été mon ami bienveillant, mon confident.

Et puis un jour, je l’ai refermé … pour ne plus jamais le rouvrir. 

J’ai ensuite ressenti très souvent l’envie d’écrire, je l’ai fait sur des petits bouts de papier, des carnets ou même sur le blog mais je n’ai jamais pu reprendre ce fil interrompu.

Peut-être parce que j’ai raconté mon adolescence dans les pages de mon journal intime, cette période reste très présente dans ma mémoire et j’en garde un souvenir empreint d’une certaine nostalgie.

Alors quand j’ai reconnu cette chanson dans une série, alors même que je ne l’avais pas écoutée depuis des siècles, j’ai pris conscience que les pages d’une vie peuvent parfois se rouvrir sur des moments qu’on croyait enfouis. Et la jeune adolescente de 13 ans est réapparue devant moi…

Une jeune fille qui avait accroché dans sa chambre les posters de ses chanteurs préférés (Elsa ou les New Kids on the Block) ou des top models qui ont fait rêver toute une génération en croyant qu’un jour elle pourrait les rencontrer.

Une jeune fille qui se gavait de films romantiques à la télé ou au cinéma. J'ai dû regarder 170 fois Grease, j'ai adoré La boum 1 et la Boum 2, j'ai été galvanisée par Pretty Woman, me suis sentie un peu rebelle devant Fatal Games avec Wynona Ryder et Christian Slater...

J'ai copié les looks de Kelly de Sauvés par le Gong ou de Brenda dans Beverly Hills... J'ai aussi ri avec Will Smith dans le Prince de Bel Air.

J'ai porté des shorts courts et des body, des Reebok freestyle montantes, fait des razzias chez Kookai, la City, Chevignon...

Une jeune fille dont le cœur palpitait facilement sans trop savoir pourquoi. J'ai aimé un tel un jour puis un autre le jour suivant, j'ai connu mon premier amour de vacances, mes premiers chagrins.

Une jeune fille qui se rêvait avocate avec une voiture blanche.

Une jeune fille sage à l’extérieur mais dont l’âme bouillonnait.

J'ai même séché des cours (de musique), dormi chez ma meilleure amie toutes les semaines dans son grand appartement souvent vide. 

On se sentait grande et nous allions faire du skate (enfin nous allions avec notre skate sous le bras) traîner Place Sainte-opportune le samedi faisant croire que nous étions un peu rebelles...

J'ai eu une éducation assez permissive que ce soit dans ma vie de parisienne ou lors de mes séjours en club de vacances...

L’adolescence c’est le temps du « Moi des demoiselles » comme l’appelle certains psychanalystes, cette période où notre petite personne compte plus que tout.

Mais dans une vie d’adulte, on peut parfois être rattrapée par cette personne que l’on était avant. De mon côté, j’ai un regard bienveillant sur la Virginie de 13 ans et je dirais même que je l’ai beaucoup aimée.

Elle m’accompagne régulièrement, se manifeste à l'écoute,d’une chanson, lors d’une conversation avec mes enfants, et même au contact d’une lumière ou à la vue d’une image dans la rue.

Je ne la regrette pas pourtant car j’aime être une adulte mais je crois que je ne pourrai jamais oublier cette période de ma vie alors que d’autres moments sont plus obscurs dans ma mémoire (comme par exemple ma période autour de 20/25 ans qui ne m’a pas laissé un souvenir impérissable.)

Alors parfois la femme de 42 ans redevient le temps d’une pensée la jeune fille de 13 ans.

Et quand je vois mon grand garçon devenir adolescent, je sais qu’il s’apprête à vivre une période dont il se souviendra une fois devenu adulte et qu’un jour en regardant l’un de ses enfants, il se rappellera un événement qu’il aura vécu… Je le vois qui se pose des questions en ce moment, qu'il a son petit jardin secret fait de doutes, de moments d'euphorie, de procrastination... Il découvre, se cherche, s'interroge.... Et ce n'est que le début 

Il faut avoir un peu de recul pour commencer à parler de son passé et pour savoir le raconter aux autres avec le détachement nécessaire. Mais le Moi des Demoiselles ou des "demoiseaux" est toujours là, tapi prêt à se libérer !


1 commentaire:

  1. Oyez gentes damoiselles et gents damoiseaux, oyez votre passé et surtout Carpe Diem.

    Papito.

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